Pour un mycophile, il y a deux façons de regarder les champignons. La première consiste à musarder, à errer en forêt et à trouver le carpophore, qui après moult recherches, terminera sans nom car la mycologie n’est pas simple. Déception de ne pas nommer un champignon qui pourtant portait l’espoir d’une nouvelle conquête. Et puis, celle de savoir que le champignon existe et de connaître son biotope d’après la littérature. Alors, il suffit de se rendre en forêt, en ces endroits où le champignon vous attend, en principe. Mais je ne voudrais pas être pessimiste et les deux sont mères de belles découvertes. A l’idée de voir Xylaria carpophila, la Xylaire des faînes, champignon relativement courant, poussant sur les cupules des fruits du Hêtre, je décide d’une virée en forêt d’Orléans. Le temps clément et l’humidité de ce début d’hiver doivent favoriser la pousse de ce champignon dans la litière de feuilles des hêtres. Le hêtre, Fagus syvatica, en forêt d’Orléans et en particulier dans le massif de Lorris est rare, il faut se déplacer dans le massif d’Orléans pour voir de beaux exemplaires. Mais à Les Bordes cinq ou six hêtres ont été plantés le long d’une allée forestière et malgré leur fructification, je n’ai jamais vu la Xylaire des faînes dans la litière. Alors je me dirige en limite de forêt à Ouzouer-sur-Loire où un seul hêtre, dont le diamètre du tronc avoisine les quatre-vingts centimètres, règne sur les chênes et les charmes, semblant sorti d’un autre monde. Et là, les genoux à terre, retournant les feuilles humides pour sortir les faînes, la première rencontre est Craterium minutum dont je vous ai parlé. Et puis enfin sur les cupules, celui que je ne connaissais que par la littérature. Xylaria carpophila est un ascomycète, très filiforme, son diamètre ne dépasse pas le millimètre alors que la longueur peut atteindre les dix centimètres. L’extrémité blanche, signe du stade imparfait ou anamorphe, aide à le voir. Lorsque le stade est parfait ou téléomorphe, le champignon est noir entièrement. Appelée la Xylaire des Faînes, ce champignon pousse en réalité sur les cupules, les faînes sont les graines contenues dans les cupules. Malgré sa petite taille, il n’est pas rare dans son biotope, mais il faut le chercher dans les feuilles pour le voir.
CLASSIFICATION
- Règne : Fungi
- Division : Ascomycota
- Classe : Sordariomycetes
- Ordre : Xylariales
- Famille : Xylariaceae
- Genre : Xylaria
- Espèce : carpophila
- Xylaria carpophila, La Xylaire des faînes, la Xylaire carpophile.
- La Xylaire des faînes dans son biotope, certains exemplaires dépassent la litière des feuilles de hêtre.
- Xylaria carpophila gréffée sur le dessus d’une cupule.
- Très fin, le stipe de la Xylaire des faînes peut atteindre les dix centimètres.
- Outre son habitat sur cupule de hêtre, son pied feutré le différencie de Xylaria filiformis, ce dernier poussant sur le bois.
- L’extrémité blanche est le signe d’un champignon imparfait, nommé anamorphe, c’est le plus souvent comme cela qu’il se présente.
- La Xylaire du bas est au stade parfait, partie distale boursouflée par la présence des périthèces. C’est le téléomorphe. Le champignon est noir.
- Une cupule de hêtre de l’année, je n’ai pas trouvé de Xylaria carpophila dessus. Trop jeune, pas assez décomposée, pas assez enfouie, … ?
- Sur les cupules de l’année dernière, dont la dégradation est évidente, la présence de Xylaria carpophila est générale dans les parties humides de la litière.
- Voici les faînes de hêtre, enfermées dans les cupules, elles sont les graines de l’arbre. Xylaria carpophila n’est jamais greffée dessus.