Les insectes de la forêt d’Orléans sont comme ailleurs, leur vie comporte pour faire simple quatre phases : l’œuf, la larve, la métamorphose et l’insecte adulte. Ces différents stades portent des noms différents suivants les ordres d’insectes. Ainsi la larve des papillons prend le nom de chenille, la métamorphose est une chrysalide chez les papillons, une nymphe chez les coléoptères ou une pupe chez les mouches. L’insecte adulte est nommé imago. Il y a donc plusieurs possibilités d’observer un insecte ou de déceler sa présence dans un biotope donné. Rechercher l’insecte adulte peut s’avérer fastidieux, alors que trouver sa larve peut être plus aisé. Ceci est particulièrement vrai chez les hétérocères et pour vous présenter aujourd’hui l’Etoilée, Orgyia antiqua de son nom scientifique, j’ai élevé une chenille trouvée sur des feuilles de ronce le 19 septembre, qui a donné une femelle. Et j’ai gardé une chrysalide trouvée dans un cocon fixé sous une feuille de noisetier le 26 septembre, d’où a émergé un mâle. L’Orgyia antiqua, dont la chenille est une des plus colorée de la forêt d’Orléans, fait partie de la famille des Erebidae et de la sous-famille des Lymantriinae comptant une vingtaine d’espèces en France. La vie de l’Etoilée au stade adulte est uniquement consacrée à la reproduction de l’espèce. L’adulte ne se nourrit pas. La femelle, qui ne ressemble en rien à un papillon, est brachyptère. Aussitôt émergée de son cocon, elle s’installe dessus et commence à émettre des phéromones pour attirer un mâle. La femelle, dès la fécondation, va pondre plusieurs centaines d’œufs (de 100 à 500) sur le cocon et à côté, puis mourir d’épuisement. Ce sont toujours les œufs qui passent la saison hivernale. La période de ponte est en juillet et août. Le mâle, brun-rouge avec deux taches blanches sur le dessus des ailes, a une envergure de trois centimètres environ. Ses antennes bipectinées en forme de plume lui servent à capter les phéromones émises par les femelles. Sa vie se résume à trouver l’âme sœur en parcourant la forêt de jour comme de nuit, d’un vol rapide et zigzaguant. Observer les adultes en forêt relève de l’exploit. Le dimorphisme sexuel chez l’Etoilée est si important que l’on peut savoir si une chrysalide donnera un mâle ou une femelle (grosseur, empreinte des antennes). La couleur des quatre houppettes chez les chenilles serait aussi déterminante du sexe des adultes, jaune pour les mâles et brune pour les femelles. Chose vérifiée pour ma femelle, mais un exemple n’est pas une vérité. Le mâle a émergé le 4 octobre et je l’ai relâché le jour même. La femelle a émergé le 14 octobre, jour où je l’ai installée dehors. Elle a pondu le 16 octobre et les œufs sont toujours en place. Je ne sais pas s’il y a eu accouplement, verdict au printemps.
CLASSIFICATION
- Règne : Animalia
- Division : Arthropoda
- Classe : Insecta
- Ordre : Lepidoptera
- Famille : Erebidae
- Genre : Orgyia
- Espèce : antiqua
- Orgyia antiqua, l’Etoilée, le Bombyx antique, le Bombyx étoilé.
- Mâle à gauche et femelle à droite. Le dimorphisme sexuel est impressionnant.
- Son nom d’Etoilée vient de la disposition des pinceaux de poils. Deux vers l’avant, deux perpendiculaires au deuxième segment abdominal et un vers l’arrière.
- Les quatre touffes de poils sur les quatre premiers segments abdominaux vont du jaune au roux. Un lien avec le sexe ?
- La chenille précédente a donné une femelle, fraîchement émergée, elle se positionne sur son cocon.
- Bien que bipectinées, les antennes des femelles sont filiformes.
- Sitôt la femelle installée sur son cocon, elle dilate ses parties génitales pour diffuser les phéromones nécessaires à l’attraction des mâles.
- Les ailes de la femelle sont atrophiées, l’empêchant de voler. Elle est brachyptère.
- La femelle pond ses œufs sur son cocon et auprès de celui-ci. Les capteurs sensoriels de son ovispore lui permettent de les déposer avec soin.
- Une vue rapprochée des œufs, de l’ordre du mm, cette femelle va en pondre environ cent cinquante.
- Un cocon collé sous une feuille de noisetier, l’enveloppe externe contient les poils des pinceaux de la chenille, poils noirs.
- L’enveloppe interne ne contient plus que des poils fins et est très fine. La chrysalide est visible.
- Une vue ventrale de la chrysalide, les fourreaux des antennes très développés indiquent la présence d’un mâle.
- Curieusement il reste des poils sur la chrysalide, phénomène encore plus marqué au niveau des touffes dorsales.
- L’exuvie (dernière mue) pour la métamorphose.
- La chrysalide vide après l’émergence, elle reste accrochée au cocon par le crémaster, crochet d’amarrage qui permet au papillon de s’extraire de la chrysalide alors que celle-ci reste fixée au cocon.
- Comme prévu, un beau mâle a émergé. Quelle disparité avec la femelle !
- Essentielles pour la reproduction de l’espèce, les antennes du mâle sont de véritables radars, capables de capter les phéromones émises par les femelles.
3 comments
Geneviève Mailleux says:
Juil 18, 2015
EMERVEILLEE !
COMBLEE par l’étendue et la clarté des informations, texte et photos .
Je garde dans mon jardin cette petite colonie de larves impressionnantes,étranges et rigolotes que je regarde maintenant avec respect et sympathie !
Pleinement satisfaite; merci pour ce beau travail !
Dominique says:
Juil 18, 2015
Merci de regarder mon site et la nature.
Ophrys31 says:
Août 16, 2021
Etrange et impressionnant !! Des informations claires et précise, merci, en effet, pour ce beau travail !!