Allez, comme l’hiver est arrivé sans trop de froidure, il faut en profiter pour visiter les champignons hivernaux. Une petite bruine matinale accompagne la balade dans le massif de Lorris à l’Est de la forêt d’Orléans. Mais là, pas de hasard, direction deux gros bouleaux verruqueux (Betula pendula) tombés depuis plusieurs années. Le coin est humide, un ruisseau coule toute l’année, serpentant entre les charmes. Il s’alimente en eaux fraîches sorties de petites sources où pousse l’Osmonde royale (Osmunda regalis). Et la visite à ces défunts bouleaux, n’est que prétexte pour admirer le Pleurote tardif, champignon fidèle à ses stations. Comme son nom l’indique, il pousse tard en saison et ne craint pas les petites gelées. Je m’y rends tous les ans au mois de décembre, un peu comme un pèlerinage, car ce champignon est rare. Sarcomyxa serotina est son nouveau binôme latin. Présent seulement sur ces deux bouleaux, délaissant les cadavres de charme, il est condamné à disparaître avec son hôte qu’il détruit pour se nourrir. Ce processus est plus ou moins long et, vu la taille des bouleaux, je pensais pouvoir observer ce champignon encore plusieurs années. Mais ce matin, ce petit coin tranquille de la forêt est cerné par les travaux des forestiers. Ces derniers n’ont que faire de ces bouleaux, sauf s’ils dérangent le passage d’engins. Alors là, pas de pitié pour ces cadavres et leurs hôtes bien vivants. Il faut que la forêt soit rentable au nom du « développement durable » et ce petit coin de forêt tranquille verra disparaître l’Osmonde royale et le Pleurote tardif. Il me faudra chercher une nouvelle station, mais en attendant le voici en quelques photos.
CLASSIFICATION
- Règne : Fungi
- Division : Basidiomycota
- Classe : Agaricomycetes
- Ordre : Tricholomatales
- Famille : Mycenaceae
- Genre : Sarcomyxa
- Espèce : serotina
- Sarcomyxa serotina, le Pleurote tardif, la Panelle tardive, le Panus tardif, la Panelle verte.
- Une pousse en étage pour celui qui portait le nom de Panellus serotinus avant d’être rebaptisé Sarcomyxa serotina. Evolution de la mycologie.
- Le deuxième tronc est aussi envahi, les nombreux sporophores démontrent que le mycélium a envahi tout le bois.
- Le chapeau en forme de coquille St Jacques est recouvert d’une cuticule verte, lisse et légèrement squamuleuse. Il est rendu visqueux par l’humitidé.
- Le pied est caractéristique du Pleurote tardif. Il est court, fixé latéralement, aminci vers sa base, jaune ochracé. Il est décoré de squamules brunes.
- Sur cette photo, on voit bien le pied robuste d’où partent les lames. Souvent courbé, il faut détacher le champignon du support pour mieux l’observer.
- Les lames sont blanches, puis jaune-pâle, tranchant avec la couleur du pied et du chapeau.
- L’insertion des lames est légèrement décurrente, elles sont fines et serrées. Les squamules brunes du pied sont plus denses à l’approche de celle-ci.
- La marge est enroulée sur les lames, elle peut paraître crénelée chez les vieux champignons.
- Une coupe du chapeau au niveau du pied, la chair est épaisse, ferme et gélatineuse, coriace et un peu amère. Elle est blanche.
- Très jeune champignon dans une fente, la couleur est celle du futur pied.
- De cette masse jaune sortent des chapeaux verts et l’on reconnait déjà Sarcomyxa serotina.