Le promeneur musard de la forêt d’Orléans ou l’amateur de musardise, si vous préférez, a certainement plus de chance que les bons marcheurs de découvrir les curiosités entomologiques forestières. Prendre le temps d’admirer une floraison rose pourpre d’Epilobe hérissé (Epilobium hirsutum) sorti d’un fossé et voilà l’aventure qui commence. N’y a-t-il pas un petit serpent sur une tige ? Bizarre ces gros yeux, quatre pour la même bestiole qui se balance de droite à gauche. Mais que diable, c’est une chenille, avoisinant les huit centimètres de longueur. Le calme revenu dans la végétation, cette étrange créature allonge sa tête, qui n’en était pas une, pour montrer son vrai visage. La tête est vraiment petite pour la taille de l’animal. Les gros yeux sont des taches sur les premiers segments abdominaux. La tête rentrée dans le thorax, les premiers segments abdominaux gonflés, la chenille se fait serpent pour faire peur à qui lui chercherait des noises. Mais le fouineur avisé sait déjà qu’il s’agit de la chenille du Grand Sphinx de la vigne, Deilephila elpenor, car sur l’arrière une petite corne nommée Scolus fait la différence avec la chenille du Petit Sphinx de la vigne. Toutes les chenilles des Sphinx ont un Scolus, mais chez le Petit Sphinx de la vigne, Deilephila porcellus il n’est guère visible. Les chenilles sont vertes ou brunes, celle-ci est restée verte même à son dernier stade de développement, ce qui n’est pas courant. Ce papillon nocturne vole au crépuscule pour se nourrir en survolant les chèvrefeuilles de la forêt ou des jardins. Sa puissance de vol et la nuit tombante rendent son observation difficile. Alors en août dernier, j’ai chouchouté la chenille qui pour me remercier m’a donné une belle chrysalide. De fin août à début juillet, l’attente fut longue. L’émergence a eu lieu le 9 juillet alors que la littérature parle de mi-juin. Les inquiétudes des derniers jours ont vite été remplacées par la beauté de ce papillon. Deilephila elpenor, le Grand Sphinx de la vigne a accepté les séances photos pour mon article. Les dernières photos sont sur le chèvrefeuille du jardin en soirée, où après s’être restauré, il est parti vivre sa vie en forêt d’Orléans, à un battement d’ailes de la maison.
CLASSIFICATION
- Règne : Animalia
- Division : Arthropoda
- Classe : Insecta
- Ordre : Lepidoptera
- Famille : Sphingidae
- Genre : Deilephila
- Espèce : elpenor
- Deilephila elpenor, le Grand Sphinx de la vigne, le Grand Pourceau.
- La chenille à son dernier stade de développement, forme verte, mesurait neuf centimètres de longueur.
- Une vue latérale où l’on voit la puissance des fausses pattes.
- La tête et le thorax semblent anormalement petits par rapport à la taille de l’abdomen.
- Les taches dissuasives sur les premiers segments abdominaux ressemblent à des yeux.
- La chenille du Grand Sphinx de la vigne est munie d’une petite corne postérieure, appelée Scolus.
- Comme pour toutes les chenilles la nourriture doit être abondante. Les crottes laissées par la chenille de Deilephila elpenor font un cm de longueur.
- Une vue ventrale de la chrysalide, dans une litière de feuilles où seulement quelques fils de soie servaient de cocon.
- Une vue de côté, avec à droite l’apex ou crémaster caractéristique.
- La chrysalide ouverte, après l’émergence, hélas absent à ce moment.
- Papillon de rose et d’or vieilli, peut-être le plus beau sphinx de la forêt d’Orléans. Envergure de six centimètres.
- Le dessous des ailes, les antérieures servent à la propulsion, les postérieures de gouvernail.
- Une belle tête et un regard décidé, Deilephila elpenor a du caractère.
- Le corps est rose, l’abdomen parsemé de points blancs, le thorax est fort (muscles des ailes), les pattes blanches sont « classes ».
- Mis en liberté sur le chèvrefeuille où il est encore plus beau.
- Un petit casse-croûte avant de partir.La vibration des ailes pour se préparer à l’envol est spectaculaire.
- Malgré son nom de Grand Sphinx de la vigne, sa plante hôte préférée est l’Epilobe. Ici l’Epilobe hérissé. Les Ményanthacées et les Onagracées sont les familles de plantes dont la chenille se nourrit.