Par ce jour de Toussaint, la pluie et l’humidité ambiante forcent l’esprit à s’animer de flammes et de feu, condition sine qua non pour ne pas sombrer dans une léthargie brouillardeuse. Aspect funèbre que prend la forêt d’Orléans en ces jours courts et moroses où la grisaille se mélange à la déprime des feuilles, où l’activité forestière se calque sur l’allure ralentie des visiteurs de cimetière. Dans cette pénombre diurne, les souvenirs de ballades et les légendes s’embrouillent et c’est ainsi que l’eau et le feu font renaître la légendaire Salamandre. Quand j’étais jeune, en Sologne, les anciens à ventre jaune juraient sur le dieu qu’il n’aimait pas, qu’une seule de ces bestioles aurait fait reculer un attelage de deux chevaux. Pire, une Salamandre adulte était capable d’un bond de vingt mètres pour vous intimider. Il faut bien reconnaître que déjà dans l’antiquité, elle résistait à la proie des flammes se nourrissant du feu, et que cette légende l’accompagna aux fils des siècles. François Premier glorifia cette créature mythique en la choisissant comme emblème, avec comme devise « Nutrisco et extinguo, (Je m’en nourris et je l’éteins) ». Beaucoup de lieux portent cette Salamandre sur leur blason, preuve d’une histoire récente avec la bête. En forêt d’Orléans, malgré ses apparitions de plus en plus rares, le plaisir est toujours au rendez-vous lors d’une rencontre avec la Salamandre terrestre. Sorte d’amphibiens, elle fait partie des Urodèles qui diffèrent des Anoures (Grenouilles), par le port d’une queue. Les pluies vernales et automnales, avec des températures douces, sont les périodes favorables à une observation. Mais la rencontre d’une femelle, cherchant un lieu pour pondre à la fin de l’hiver, n’est pas exclue. La Salamandre terrestre vit sur terre, non loin d’un point d’eau où la femelle déposera ses petits. Elle est ovovivipare. En France, il existe trois sous espèces : Salamandra salamandra terrestris partout donc chez nous, Salamandra salamandra fastuosa des Pyrénées, Salamandra salamandra salamandra des Alpes. C’est une espèce à protéger en sauvegardant les mares forestières. La Salamandre ne connaissait pratiquement pas de prédateurs, cette espèce d’amphibien a traversé les âges. Aujourd’hui, une terrible menace pèse sur elle, l’apparition d’un champignon, Batrachochytrium salamandrivorans, aux Pays-bas, surnommé le dévoreur de salamandres fait craindre le pire. Cousin du  Batrachochytrium dendrobatidis, qui s’attaque aux amphibiens d’Amérique centrale, c’est un chytridiomycètes. Voir l’article de Pierre Barthélémy.

        CLASSIFICATION

  • Règne       : Animalia
  • Division   : Chordata
  • Classe       : Amphibia
  • Ordre        : Urodela
  • Famille     : Salamandridae
  • Genre        : Salamandra
  • Espèce      : salamandra terrestris